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La Saga d'Holomoon

Illustrateur, auteur bd, et formateur, je présente ici des articles sur le dessin et la bande dessinée.

X-men and Woman

Page 6-7 (bis)

En rappel le click sur l'image donne du plus beau, plus grand, plus coloré, et si ces pages sur internet posent un souci de copyright à Mr Jim Steranko, je les enlèverai, mais je n'ai pas pu contacter l'artiste, son site, steranko.com étant en instance d'une infrastructure révolutionnaire semble-t-il...

Voici donc l’arrivée de nos héros sur une nouvelle double-page.
Mais comment font-ils pour ne pas transpirer en permanence dans leurs collants ? Quand je vois que sans un ventilateur la sueur se dépose sur le papier Schoëller et que je suis obligé d’avoir une feuille de protection, et eux qui virevoltent en permanence sans une suée… Ah, décidemment, n’est pas super-héros qui veut. Tandis que mon crayonné s’affine sur la page trois d'HOLOMOON, je reprends le travail de Steranko.





Cette double page s’ouvre dans une ambiance colorée uniforme, contrairement aux précédentes, et avec des tons plus agréables à l’œil puisque basées sur les couleurs les plus populaires, le rouge et le bleu. Il faut aussi bien comprendre qu’à l’époque (74) tout est coloré en BENDAY, d’où ces anomalies qui m’étonnait en tant que lecteur pinailleur et curieux. Quelques années plus tard en travaillant aussi en Benday -dans une imprimerie- je compris mieux le choix des couleurs des comics : il est bien plus facile de rester en Cyan pur et autres mélanges 100/100 que d’aller rechercher des couleurs complexes comme 35 Cyan 90 Magenta 20 Jaune et 30 Noir. A cela, ajouter aussi qu’il faut avoir vu le papier comics de l’époque : une véritable éponge, donc les rouges RAJA (100 mag/100 jaune) et autres descendaient en saturation de plusieurs crans une fois imprimée ! Sauf en France, avec le papier d’une bien meilleure qualité offert par les éditions Lug. On était très loin dans un cas comme l’autre de ce qui est offert aujourd’hui, mais je dois avouer que la lecture de Strange n’est peut-être pas pour rien dans mon goût un peu excessif pour les couleurs franches.

Revenons à la page, une nouvelle fois Steranko va faire converger les mouvements de la page de gauche vers celle de droite. Voir le schéma. Que ce soit en haut avec Strange Girl qui projette un rayon parallèle à celui de Cyclope, mais qu’elle utilise surtout pour nous diriger vers la première case de la page de droite et appuyer le mouvement du pauvre méchant jeté d’Angel au Fauve. D’ailleurs c’est très intéressant de voir que 1-S.Girl « tire » sur …rien (de visible) dans la première case, 2-On ne nous a pas montré comment Angel a saisi le vilain, 3-emporté par le mouvement, le coloriste a laissé le bas gauche de la case en blanc, alors que le sol devrait être gris !

De même que dans la double page précédente, l’aboutissement d’un coup est en fait préparé par de nombreuses directions, et l’on comprend bien mieux pourquoi ce vilain se retrouve avec la tête totalement emboutie, dans une position de … crapaud ! Si l’on cache la page de gauche le mouvement est bien moins fort et la position du méchant écrasé se justifie moins, tant cette position est grotesque.
La page de gauche offre un vrai zig-zag de mouvements et là aussi deux autres directions, celle des deux rayons de Cyclope —case 1 et 3— offre un soutien terrible au même Cyclope (ce garçon est partout !) sur la case médiane de la page de tribord. Et voilà pourquoi ce dernier peut sembler si victorieux dans cette case où il est pourtant pris en traître, n’utilise pas son pouvoir, et frappe dans le vide. Voilà pourquoi il peut faire ce commentaire de PLAISIR alors qu’il est en mauvaise posture. Le mouvement de boxe et d’esquive est d’ailleurs superbe.




Je reviens sur le Zig-Zag, d’abord le rayon de Cyclope qui nous amène à droite en bas de la case, mouvement repris par le saut élastique du Fauve et les bulles de textes « passons aux actes » « compris œil de feu », puis le texte et la poursuite du mouvement du Fauve nous amène à la tirade de Cyclope sur les pacifistes, puis le rayon vers les bras qui tombent avec le fusil mitrailleur, qui pointe vers Jean qui redirige notre attention vers son décolleté, euh, pardon vers le méchant et la bâche bleu qui tourbillonne vers la page suivante.

Je comprends mieux l’efficacité de ces quelques pages par rapport au dessin qui est d’une facture classique, mais sans le maniérisme qui rend si souvent un dessinateur, un style identifiable. C’est un peu comme le cinéma d’une certaine époque qui n’avait pas besoin de flot d’hémoglobine en gros plan pour faire ressentir la puissance d’un coup de poing.

Notons que les éléments de perspective et de décors ne sont là que sur les cases supérieures, avec un effet de « staccato » donné par la rampe d’escalier, ces verticales qui s’agitent dès la première case et donne un rythme à la page. Le peu d’éléments dessinés montre que le mobilier a un rapport avec la façade gothique (aucun avec la cité de Science-Fiction entrevue pages 2-3), mais l’importance est donnée à l’action, pas au décorum. Un Maelström de directions qui va être stoppé par les rayons télépathiques de Jean (non pas Jean-Paul Aussel, Jean, comme dans Norma Jean). C’est la fin de la scène d’action, après deux pages de « flèches », voici que des cercles, associés à un gros plan, à un visage expressif (on retrouve les yeux de la page 5), et non un simple masque, bref tout indique que c’est dans un domaine intellectuel que l’histoire va se poursuivre, et même féminin. D’ailleurs, une nouvelle fois Steranko utilise la perspective pour hiérarchiser le rôle des personnages : Jean est « immense » par rapport à Angel, et le coup de poing que ce dernier offre devient anecdotique dans son mouvement (même si celui-ci « étale » , au sens propre, le suppôt de Mesmero).

Au niveau des décors, on admirera aussi que l’élégance de Strange Girl qui empaquette délicatement son adversaire est soutenue par une plante verte. Et Jim Steranko nous le montre : quand la belle télépathe prépare son « cadeau », elle le dit avec des fleurs…

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